La lettre du Château Lagarette n°12
12 Juillet 2021
Demain appartient aux « Gens de métier »
Histoire de critères et de valeurs
Le Monde des vins Bordelais, est secoué par un évènement petit, par la taille, mais important par les questions qu’il soulève. Deux Grands Châteaux : Cheval Blanc et Ausone ont décidé de ne pas présenter de dossier au Classement Saint-Émilion de l’année 2021 .Classement revu tous les dix ans..
Ces deux Châteaux, Cheval Blanc et Ausone, n’ont pas besoin de la Classification Saint-Émilion pour bien se porter. S’ils font ce choix, c’est parce que les critères mis en avant par le Classement Saint-Émilion, ne leur conviennent plus.
Certains ( Presse et Mondes Professionnels) font remarquer que le Classement Saint-Émilion met aujourd’hui trop l’accent sur la communication, le marketing, la présence sur les réseaux sociaux, etc. Dans certains communiqués cela concernait 1/3 des critères.
Dans les Mondes du vin comme ailleurs, les marchands, les marketeurs, les communicants et les certificateurs, tentent de contrôler les échanges. Problème ? Ils oublient bien souvent de parler de dire et de raconter, ce qui fait le cœur du métier. À ce sujet nos deux compères (Ausone et Cheval Blanc) ont depuis longtemps fait des choix quelque peu radicaux en matière de production : soin de la terre et du végétal. Bio biodynamie ? Oui certainement, mais ils utilisent d'autres mots, une autre langue pour en parler. Soit, et pourquoi pas ? À chacun ses réserves, ses politesses, et ou ses manières d'éviter les affrontements inutiles.
Autre élément important. Le Classement actuel Saint-Émilion prévoit de ne pas dépasser la quinzième année pour apprécier un vin. Or, tout le monde le sait, et les Grands Châteaux le savent - lorsqu’ils travaillent proprement - que c’est bien au-delà des quinze ans, vingt ans et plus, que l’on peut apprécier la qualité d’un bon vin.
Jacky Rigaux nous dit :
« Tout simplement parce que il faut du temps beaucoup de temps pour que les qualités d'un grand vin s'épanouissent et s'affirment ».
Autre citation extraite de « Terre de Vin » : « ce classement [le classement de Saint-Émilion] prévoit qu’on ne doit juger les vins que sur les quinze dernières années »,
et nos deux partenaires de dire sans contredire « c’est sur une durée beaucoup plus longue que l’on se doit de juger les grands vins ».
Ce problème Château Lagarette l’a abordé à sa manière et en son temps. D’une part en sortant de l’Appellation Premières Côtes de Bordeaux, devenue Côtes de Bordeaux. Les critères de production du vin et de son élevage ne correspondaient plus du tout, à ce que nous faisions à Lagarette
Rappelons le côté déplaisant de ceux qui venaient faire les prélèvements à Lagarette, etc., et ce qu’il nous fallait supporter de pénible, de nuisible et d’idiot. Exemple : « Chez nous on aime pas les bio et les biodynamistes, on s'en méfie ».. Conséquence nous avons décidé de nous retirer de l’AOC ! Par un courrier expliquant le pourquoi de nos choix. A ce jour, il y a de cela presque dix ans, et nous n’avons jamais reçu de réponse.
Nous avons fait le choix de rejoindre le groupe RAOC où les femmes et les hommes de métier, ont toute leur place et sont respectés, appréciés...
Mais tout cela n’est qu’Evènement et Histoire, des uns et des autres. Le problème de fond doit être abordé. Les critères qui permettent de qualifier un vin, un produit en tant que tel et les manières de le produire .
Aujourd’hui, l’Univers de la Certification ne concerne pas que le vin lui même, mais de nombreuses pratiques relevant du Commerce et de la Communication.
Soit ! Le problème est que ces critères-là, ne permettent pas d’apprécier le métier, et la qualité des manières de produire le vin. Ces critères-là, aujourd’hui, sont dominés- nous le disions plus haut - par les Communicants et les Marketeurs.
« Tu es bon parce que tu communiques bien et que tu as une surface sociale et numérique.
Tu es bon parce que tu es présent sur les marchés américains ou chinois. etc… »
…Alors, bien sûr, pour des grands noms comme Ausone et Cheval Blanc, il n’y a pas problème.
Pour ce qui nous concerne à Lagarette nous avons choisi de faire du vin comme faisaient nos ancêtres : des vins propres, des vins de grande qualité, que nous appelons, « Cuvées Singulières », parce que chacune d’entres elles, a une histoire une identité singulière.
Vous pouvez les trouver sur le site : lagarettecuveessingulieres
L’âge présent de nos bouteilles est aujourd’hui de vingt à vingt-deux ans.
La leçon que nous pouvons tirer de cet évènement à la fois petit et grand, c’est que les critères retenus ne disent pas la réalité des manières de produire et la qualité des produits.
Cette difficulté n’est pas uniquement à l’œuvre à Saint-Émilion. Elle est à l’œuvre dans d’autres espaces de production.
Point commun : Dans tous les cas, les critères mis en avant sont faits pour convenir à « certains », aux dominants, à ceux qui veulent et peuvent aujourd’hui, réguler les marchés.
Mais voilà, demain ne sera pas comme avant !
Certains acteurs qui ont du métier, qui le maîtrisent vraiment, n’accepteront plus d’être soumis à des grilles de critères qui ne correspondent pas à l’idée qu’ils se font du vin.
Et la bataille des Certifications devrait nous conduire à repenser complètement ces classements - s’il s’agit de classements - et à voir s’ouvrir de nouveaux espaces où ce sont des choix de valeurs - et non pas des choix de « marché » . Choix de valeurs qui portent sur les manières de faire et de travailler.
Respect des matières que l'on a la prétention de travailler, respect du monde des vivants, respect de celui qui aime et apprécie ce que font les hommes et les femmes de métier.
À l’heure où la nature nous interpelle et secoue quelque peu nos pratiques, à l’heure où nous sommes face aux pandémies et où nous devons repenser nos manières de travailler, la question est fondamentale.
Il n’est plus possible de l'esquiver, ou pire encore de l'ignorer.
Demain appartient déjà aux « Gens de métier » !
Yvon, Olympe, Minvielle
chateaulagarette@orange.fr
Tel / 0603463060 / 0614138966
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